Elles ont dirigé des projets, formé des équipes, résolu des crises, tout en menant de front carrière, maternité, engagement et responsabilités. Et pourtant, à 52, 57 ou 61 ans, nombreuses sont celles qui doutent. Pas de leurs compétences techniques, mais de leur légitimité à encore faire leur place.
Comme si cette place leur avait été accordée à une époque, mais qu’aujourd’hui, elle devait à nouveau être méritée, expliquée, justifiée.
Une confiance érodée par l’usure et l’invisibilité.
Ces femmes, ce sont vos collègues, vos partenaires, vos sœurs, et peut être VOUS. Elles ne manquent pas de savoir-faire, mais elles avancent avec une fatigue intérieure: celle de devoir toujours prouver qu’elles sont encore à jour, celle d’un monde qui évolue sans elles, celle de ne plus être perçues comme légitimes à entreprendre, diriger ou simplement exister professionnellement.
Et si cette perte de confiance n’était pas une faiblesse individuelle, mais la conséquence d’un environnement qui ne les regarde plus vraiment?
Une génération puissante qui doute en silence.
En Belgique, en 2023, 53,4 % des femmes âgées de 55 à 64 ans sont actives professionnellement , contre seulement 45,6% % en 2018. Mais ce progrès masque des inégalités persistantes: elles restent bien en deçà des hommes du même âge (62,2,5 % en 2023) .Ce fossé genré explique en partie pourquoi, pour beaucoup d’entre elles, l’idée de “faire encore sa place” semble floue, lointaine, ou simplement inaccessible. Elles se disent:
“Je suis dépassée…”
“Ce n’est plus pour moi…”
“Je ne saurais jamais faire comme les autres…”
Mais derrière ces doutes se cache une réalité: le monde du travail actuel n’est pas pensé pour les femmes qui reviennent avec autre chose à offrir. Ni pour leur sagesse, ni pour leur approche humaine, ni pour leur désir de contribuer autrement.
Refaire sa place... ou reprendre la sienne?
Refaire sa place? Non. Ce que ces femmes souhaitent, ce n’est pas recommencer à zéro. C’est reconnecter ce qu’elles ont vécu avec ce qu’elles veulent transmettre.
Elles aspirent à créer quelque chose de personnel, sans perdre leur stabilité, à valoriser leur parcours sans avoir à se justifier, et à apporter du sens sans se battre pour exister.
Mais sans accompagnement structurant, sans regard valorisant, il est difficile de transformer le doute en décision.
Et si on vous avait simplement laissé croire que c’était trop tard?
Les femmes de cette génération ont vécu l’obligation d’être parfaites, efficaces, loyales. Elles n’ont pas appris à douter ni à demander. Et aujourd’hui, face à la perspective de se réinventer, beaucoup se disent:
“Est-ce que je vais y arriver... à mon âge?”
Pensez-vous que ce serait une mauvaise idée de croire que votre expérience est une force et non un frein? Ce ne serait pas trop audacieux de dire: je suis prête à reprendre ma place, mais autrement?
Il s’agit de reprendre confiance, pas refaire ses preuves.
Reprendre confiance ne veut pas dire se relancer dans une course. Cela peut simplement signifier poser des mots sur ce que vous savez déjà faire, structurer vos idées en actions simples, être accompagnée avec humanité à votre rythme, s’entourer de personnes qui comprennent votre parcours sans le minimiser.
La confiance ne se décrète pas. Elle se construit dans un cadre adapté, un espace bienveillant, un chemin structuré. Une société en transition a besoin de femmes en transition. Dans un monde en perte de repères, vos compétences humaines deviennent stratégiques: écoute, transmission, créativité, résilience. Ce que vous avez à offrir est rare. Et profondément nécessaire.
Alors mesdames, est-ce si farfelu d’envisager que vous êtes justement ce dont le monde professionnel a besoin maintenant?
Par Carole Tchanmene, fondatrice de Buddy Créatif et des solutions d’orientation et insertion professionnelles CSAM.
J’accompagne les futures et nouvelles dirigeantes en quête de sens après une carrière intense, et je replace l’humain au cœur des trajectoires professionnelles, à tous les âges.
Les informations et tendances évoquées dans cet article s’appuient sur des sources publiques et fiables, dont notamment :
- Statbel - Enquête sur les forces de travail (EFT), tableau thématique sur l’emploi des 55-64 ans en Belgique.
Les chiffres ont été interprétés de manière synthétique afin d’éclairer les enjeux humains, sociaux et professionnels vécus par les femmes en transition après une carrière intense.
