UE, Schengen, EEE, AELE : démêler les zones européennes

19 septembre 2025 par
Alanah Reynor

Nous connaissons tous l’Union européenne (UE). Après tout, Bruxelles en est le cœur géographique, économique et politique. Mais que savez-vous des autres cadres européens, tels que l’espace Schengen, l’Espace économique européen (EEE) et l’Association européenne de libre-échange (AELE) ? Loin d’être interchangeables, ces quatre regroupements de pays (y compris l’UE) poursuivent des objectifs distincts et entraînent des implications juridiques, logistiques et commerciales spécifiques, notamment en matière de procédures d’import/export, de structures tarifaires et d’harmonisation réglementaire.

L’Union européenne (UE)

L’UE regroupe un marché unique et une union douanière pour ses 27 États membres, permettant la libre circulation des biens, services, personnes et capitaux. Ce cadre offre de nombreux avantages aux entreprises : absence de droits de douane sur les échanges intracommunautaires ; réglementation des produits harmonisée, facilitant la commercialisation transfrontalière sans devoir répondre à des normes nationales différentes ; tarif extérieur commun appliqué aux marchandises provenant de pays tiers ; et accès aux accords commerciaux négociés pour l’ensemble des membres. Cette union politique et économique permet aux entreprises basées dans l’UE de bénéficier d’un accès fluide à tous les marchés européens, en faisant l’un des environnements commerciaux les plus performants au monde.

L’espace Schengen

Bien qu’on le confonde souvent, l’espace Schengen n’est pas une zone de libre-échange. Il permet la libre circulation des personnes entre pays participants grâce au voyage sans passeport. L’UE et Schengen se recoupent largement puisque 25 pays de l’UE (sauf l’Irlande et Chypre) en sont membres. L’Islande, le Liechtenstein, la Norvège et la Suisse portent le total à 29 pays.

Schengen n’a aucun impact sur les règles douanières, ce qui signifie qu’il ne modifie pas le passage de marchandises vers la Suisse ou la Norvège. En revanche, il facilite la logistique en permettant aux employés, chauffeurs-livreurs et techniciens de franchir plus aisément les frontières. Monter une filiale dans un pays Schengen peut donc être plus intéressant que dans un pays tiers. Les voyages d’affaires vers les pays Schengen – pour une réunion ou un salon – y sont également plus fluides.

L’Espace économique européen (EEE)

L’EEE étend le marché intérieur de l’UE à trois pays non membres : la Norvège, l’Islande et le Liechtenstein. Ces pays appliquent la plupart des règles de l’UE sur la libre circulation, même s’ils ne sont pas membres de l’Union. Les entreprises bruxelloises profitent ainsi d’une réglementation allégée et de normes produits, règles de protection des consommateurs et normes environnementales largement harmonisées. Toutefois, des formalités douanières demeurent, car ces pays ne font pas partie de l’union douanière. Pour exporter, il faut disposer d’un numéro EORI et déposer une déclaration en douane, même sans tarif douanier. L’EEE peut donc être vu comme une version « allégée » de l’UE : accès facilité, mais avec une charge administrative supplémentaire.

L’Association européenne de libre-échange (AELE)

L’AELE regroupe les quatre pays non membres de l’UE appartenant à Schengen : la Suisse, la Norvège, l’Islande et le Liechtenstein. Contrairement à l’UE, ce n’est ni une union douanière ni une union politique. Elle ne dispose ni de tarif extérieur commun ni d’autorité réglementaire partagée. L’AELE défend le libre-échange, mais sans offrir la facilité réglementaire ou procédurale qu’apporte l’UE ou l’EEE.

Géographiquement proches, mais bons partenaires commerciaux ?

Bien que non membre de l’EEE, la Suisse est le principal partenaire commercial belge au sein de l’AELE. L’échange est dominé par les produits pharmaceutiques, mais les machines, produits chimiques et instruments de précision y tiennent aussi une place importante. L’UE et la Suisse ont conclu plus de 100 accords bilatéraux sectoriels lui donnant un accès partiel au marché unique. Selon Jean-Philippe Mergen de Beci, la Suisse fait partie du top 3 des pays pour lesquels les entreprises demandent un carnet ATA, facilitant l’importation temporaire de biens (par exemple pour des salons). Riche et multilingue (allemand, français, italien), la Suisse attire les affaires grâce à son dynamisme et à ses opportunités de marché.

La Norvège est un partenaire stratégique majeur pour la Belgique : elle fournit environ 30 % des importations belges de gaz et importe chaque année plus de 1,2 milliard d’euros de biens belges. Membre de l’EEE, elle applique les normes produits de l’UE mais reste hors union douanière : les exportateurs doivent donc fournir des déclarations et preuves d’origine pour bénéficier de tarifs préférentiels. L’énergie renouvelable, la biotechnologie et l’agroalimentaire spécialisé sont des secteurs en forte croissance.

L’Islande, plus petite mais stable, fait aussi partie de l’EEE. Elle aligne ses normes produits sur celles de l’UE, réduisant les obstacles techniques, mais exige des formalités douanières et documents d’origine. Aluminium, fruits de mer et énergie renouvelable sont ses secteurs clés, offrant des opportunités ciblées aux fournisseurs belges de technologies et solutions durables.

Le Liechtenstein, malgré sa taille réduite, est une économie exportatrice prospère. Il appartient à l’EEE et à une union douanière avec la Suisse : il applique donc les normes produits de l’UE mais suit les procédures douanières suisses. Ce marché riche demande de l’ingénierie de précision, de l’électronique et des services financiers, mais les exportateurs doivent prévoir un passage en douane suisse.

Visite d'Ursula von der Leyen en Islande en juillet 2025. De gauche à droite : Kristrún Frostadóttir, Ursula von der Leyen et Katrín Gunnarsdóttir, ministre islandaise des Affaires étrangères.

Conseils pour les entreprises bruxelloises

Sans surprise, les entreprises bruxelloises tirent le plus grand avantage de l’UE, seule à garantir une absence totale de droits de douane. Toutefois, les relations avec l’AELE ou l’EEE restent plus simples que celles avec d’autres pays tiers. L’espace Schengen, lui, n’apporte qu’un avantage : la libre circulation des personnes.

Quel que soit le pays ciblé, vérifiez toujours l’existence d’un accord de libre-échange avec l’UE. La plateforme Access2Markets de la Commission européenne vous renseigne sur les droits de douane, règles d’origine, TVA et documents nécessaires. L’équipe internationale de Beci est également à vos côtés.


Beci est le point de contact du réseau Enterprise Europe Network pour les sociétés bruxelloises qui se développent à l’international. Avec le support des organisations partenaires dans 56 pays, les experts d’Enterprise Europe Brussels, au sein de Beci et de hub.brussels, fournissent des conseils et du support à l’internationalisation, à l’innovation, à la digitalisation et à la transition vers plus de durabilité. Contactez Beci pour de l’information et des conseils sur le marché intérieur européen, l’accès aux marchés étrangers et pour la mise en relation avec des sociétés étrangères. Services, accès à la plateforme de mise en relation EEN et événements B2B internationaux sur : www.brusselsnetwork.be.


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